Au Burkina, on ne badine pas avec la sécurité

26 novembre 2016

Au Burkina, on ne badine pas avec la sécurité

Ouagadougou un mercredi, il est 13h à la rédaction, l’heure de la pause pour ceux qui n’ont plus de tâches particulières. Entre collègues, on improvise une sortie déjeuner à la Maison du Peuple, un lieu historique dans le parcours politique du Burkina Faso. Il y avait le Festigrill, le festival des grillades. Une bonne occasion pour se remplir le ventre et deviser hors de l’ambiance quelque peu étouffante de la radio. A quatre, on s’engouffre dans la voiture du Directeur de la rédaction. J’avais un devoir de vidéo à réaliser pour ma formation en ligne et j’ai passé la matinée à filmer les gens et les choses. Je n’avais pas encore d’idées précises sur mon sujet.

Après avoir dégusté de bonnes brochettes arrosées de sucreries (oui nous sommes sages, pas d’alcool à l’heure du boulot), on reprend le chemin du retour. Entre temps je n’avais pas arrêté mes tournages, mes collègues en étaient quelque peu agacés mais ils n’osaient le dire par égard pour la « petite togolaise »

Au détour d’une autoroute, une manifestation attire mon attention. Une voie très fréquentée barricadée à cause d’un meeting d’un candidat en lice pour les élections consulaires… Coincés dans les embouteillages, les conducteurs en colère se criaient dessus. Un beau spectacle et un bon sujet pour mon devoir. Je décide de filmer la scène. Dans mon excitation, je ne me suis pas rendu compte que nous étions  face à l’édifice de l’Etat-major général des armées et c’est interdit de filmer les bâtiments de l’armée. Tout le monde le sait ça ! Le temps de réaliser mon erreur, j’aperçois un militaire me menacer du doigt et m’intimer l’ordre de sortir de la voiture.  Mes trois autres collègues et moi sommes débarqués du véhicule et conduits devant un responsable des lieux.  Mon téléphone  ainsi que nos pièces d’identités, réquisitionnés. Ils ont dû me prendre pour une apprentie terroriste, seule étrangère parmi mes collègues burkinabé, une coiffure à la Tina Tuner et de multiples vidéos sur des lieux publics dans la gallérie de mon téléphone.

Dans un contexte sécuritaire assez tendu, tout était suspect.

Après maintes explications, ils m’ont rendu le téléphone tout en prenant le soin de supprimer les vidéos enregistrées et de répertorier nos noms et nos numéros.

Ouf, Plus de peur que de mal.

Partagez

Commentaires